[B900] Notizie/E - Trois colloques: Les Italiens et la Grande Guerre 1915-1918 / 2015-2018

Federico Pellizzi federico.pellizzi a unibo.it
Lun 10 Nov 2014 08:57:58 CET


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     BOLLETTINO '900 - Notizie / E, ottobre 2014

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SOMMARIO:

- Trois colloques:
   Les Italiens et la Grande Guerre 1915-1918 / 2015-2018

   2015 Aix Marseille Université, 12,13,14 novembre 2015
   De la guerre des idées à la guerre des hommes

   2016 Université Nice Sophia Antipolis,
   L'histoire et le mythe de la guerre

   2017 Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3,
   Le Traité de Versailles, la " victoire mutilée "


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Les Italiens et la Grande Guerre 1915-1918 / 2015-2018

Aix Marseille Université, en partenariat avec l'Université
Nice Sophia Antipolis et l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3,
organise le premier colloque d'une série de trois volets sur
l'Italie et la Grande Guerre.

Colloque n°1
2015 Aix Marseille Université

De la guerre des idées à la guerre des hommes

12,13,14 novembre 2015
Aix Marseille Université

La situation socio-politique et le débat culturel
d'avant-guerre : le nationalisme, l'irrédentisme,
l'interventionnisme, le neutralisme, le projet italien
d'expansion coloniale, l'entrée en guerre - autant de
" phases " critiques de la vie italienne qui verront
l'engagement d'artistes et d'intellectuels, dès la fin
du XIXe siècle et au-delà de l'éclatement du conflit en
Europe (1914). Quelles sont les spécificités de l'Italie
et de son absence du théâtre de la guerre à l'été 1914 ?
Pourquoi son entrée en guerre en mai 1915 ? Quel impact
ont pu avoir sur les masses (ou plutôt : sur le
" popolo ") les discours enflammés ou posés des
protagonistes de la culture ? Quelle a été la place
des œuvres littéraires et plus généralement des œuvres
d'art dans l'avant-guerre italien ? Il s'agira d'analyser
les écrits publiés dans les principaux quotidiens et dans
les revues culturelles, de revenir sur les nombreuses
" actions " promues par les artistes de l'avant-garde
futuriste (soirées, lectures publiques, happenings divers
et variés) et autres agitateurs culturels tels que
D'Annunzio, mais également de tenir compte des activités
de " communautés " ésotériques et pacifistes qui joueront
un rôle non négligeable dans la préparation de l'opinion
au conflit.
L'année 1915 étant la limite chronologique fixée pour ce
premier colloque, les organisateurs accepteront des
interventions consacrées non seulement à l'avant-guerre
italienne mais aussi aux premiers mois du conflit
(de la déclaration de guerre aux premières batailles
de l'Isonzo, où périront des artistes-soldats tels que
Renato Serra et Scipio Slataper).

Langues de travail : français et italien

Centre Aixois d'Etudes Romanes (CAER)
Aix Marseille Université
Bernard Bessière (Etudes hispaniques) et
Stefano Magni (Etudes italiennes)
Contact : stefano.magni a univ-amu.fr


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Colloque n°2
2016 Université Nice Sophia Antipolis

L'histoire et le mythe de la guerre :
la Grande Guerre conflit " moderne ".

L'appel à propositions sera diffusé ultérieurement

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Colloque n°3
2017 Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Le Traité de Versailles, la " victoire mutilée ",
les revendications italiennes de l'après-guerre,
l'occupation militaire de la ville de Fiume,
l'écriture de la guerre a posteriori, le récit de
la guerre : le roman à l'épreuve de l'Histoire.

L'appel à propositions sera diffusé ultérieurement

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Nota bene : des journées d'études et des conférences
sont prévues dans les Universités de Pescara, Utrecht
et Varsovie.

Comité scientifique :

Porteur du projet AMU : Stefano Magni
Membres AMU : Bernard Bessière, Yannick Gouchan,
Claudio Milanesi, MichelaToppano.

Membres externes : Manuela Bertone, Barbara Meazzi,
Serge Milan, Francesca Sensini (Nice), Maria Pia De
Paulis-Dalembert (Paris 3), Fulvio Senardi, Fabio
Todero (Trieste), Enrico Folisi (Udine), Nicola
Turi (Cagliari), Luca Bani (Bergamo), Ugo
Perolino (Pescara), Harald Hendrix, Monica
Jansen (Utrecht), Alessandro Baldacci, Hanna
Serkowska (Varsovie).

Laboratoires de recherche partenaires en France :
LIRCES (Nice), CMMC (Nice), LECEMO (Paris 3).
Universités partenaires d'AMU en Europe : Pescara,
Utrecht, Varsovie, Bergame.

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Bref rappel du contexte
Dans les premiers jours d'août 1914, alors que
l'Allemagne venait de déclarer la guerre à la
Russie puis à la France et à la Serbie, l'Italie,
alors alliée de l'Autriche-Hongrie et de l'Allemagne,
affirma dans un premier temps sa neutralité.
Toutefois, le pays était conscient que la
collaboration avec l'Autriche ne lui permettrait
jamais d'obtenir les terres irridente (de Italia
irredenta, " Italie non libérée ") qu'elle réclamait
depuis 1870. Dès l'automne 1914, la classe politique
italienne se trouva écartelée entre deux camps. D'un
côté les " neutralistes ", majoritaires dans
l'opinion, qui s'opposait à toute participation dans
le conflit ; de l'autre le courant " interventionniste
" qui était représenté par une alliance hétéroclite :
militants de gauche adversaires par principe des
monarchies centre-européennes ; nationalistes de Idea
nazionale ; pré-fascistes de Michele Bianchi, dont
plusieurs représentants rejoindront plus tard le combat
anti-fasciste ; enfin exclus du Parti socialiste Italien
comme Benito Mussolini qui, à la surprise de beaucoup,
réclama en octobre l'entrée en guerre dans un article
publié dans Avanti!. Mais c'est le poète Gabriele
D'Annunzio qui, dans un discours prononcé le 5 mai
1915 à Quarto, près de Gênes, fédéra le crédo
interventionniste.
Le camp des neutralistes perdait peu à peu du terrain
dans l'opinion et, après s'être assurés que les
promesses territoriales de la Triple-Entente (France,
Royaume-Uni, Russie) étaient solides et sincères,
la décision d'entrer en guerre, prise le 23 mai 1915,
fut portée par le roi Victor-Emmanuel III, son président
du conseil Antonio Salandra et son ministre des
Affaires étrangères, Sidney Sonnino prirent la décision
d'entrer en guerre en mai 1915. Dans les deux premières
années de la guerre, les troupes italiennes obtinrent
des victoires dont la conquête de la ville de Gorizia.
Mais à l'automne 1917, l'Italie subit une lourde défaite
à Caporetto- aujourd'hui Kobarid, en Slovénie -, avant
d'obtenir la victoire à Vittorio Veneto en novembre 1918,
ce qui amena l'Empire austro-hongrois à demander
l'armistice qui mit fin au conflit.
L'Italie paya un lourd tribut à cette guerre :
650 000 morts, autant de disparus, un million de blessés.
Les conséquences économiques et financières furent
dramatiques. Le Traité de Versailles, grâce auquel la
classe dirigeante pensait pouvoir reprendre les terres
irredentes de Trieste, d'Istrie et de Dalmatie,
n'accorda à l'Italie que le Sud-Tyrol et une partie
de l'Istrie. Donc à la fin de 1918, la guerre n'était
pas tout à fait terminée pour l'Italie car le gouvernement
réclamait sans relâche la ville de Fiume, majoritairement
italophone. Pour les interventionnistes démocrates, en
revanche, ces acquisitions étaient suffisantes et Giolitti
signa en 1920 le Traité de Rapallo en renonçant aux
prétentions sur la ville de Fiume. Ce résultat apparut
en revanche comme très décevant pour les nationalistes,
d'où le thème rebattu de la " victoire mutilée " qui
servira de slogan à un courant qui se divisera en
diverses factions : les partisans de l'Idea nazionale ;
les émules de Papini et de Prezzolini, les futuristes
regroupés autour de Marinetti, enfin les partisans de
Mussolini après la fondation du Parti national
fasciste en 1921.

Commentaire et projet de colloque
On le voit, l'Italie des années 1914-1920 fut profondément
divisée, morcelée même, en divers courants divergents,
tantôt concurrents, tantôt adversaires. Par-delà les
politiciens professionnels qui, par définition, aspiraient
au pouvoir, les intellectuels, écrivains, peintres,
musiciens, hommes de science, furent partie prenante
de ces conflits, comme on le voit avec D'Annunzio ou
Marinetti, ce qui fait du cas italien un terrain original
d'affrontements par rapport au contexte français ou
allemand des deux premières décennies du XXe siècle.

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Axes de travail du projet quadriennal 2015-2018

La situation socio-politique : l'interventionnisme

Se considerato è come crimine l'incitare alla violenza
i cittadini, io mi vanterò di questo crimine, io lo
prenderò sopra me solo. Se invece di allarmi io potessi
armi gettare ai risoluti, non esiterei; né mi parrebbe
di averne rimordimento. Ogni eccesso della forza è
lecito, se vale a impedireche la Patria si perda.
Voi dovete impedire che un pugno di ruffiani e di
frodatori riesca a imbrattare e a perdere l'Italia.
Tutte le azioni necessarie assolve la legge di Roma.
Ascoltatemi. Intendetemi.

C'est en ces termes que D'Annunzio mobilisait la foule
pendant les radiose giornate di maggio de 1915. Ses
propos n'étaient pas isolés. Le courant interventionniste
se manifestait déjà depuis plusieurs mois dans certains
milieux de la culture italienne. Dans des revues comme
Lacerba ou La Voce, cette question devint centrale.
Après avoir salué dans un tout premier temps la neutralité
du gouvernement italien, ces revues prônent un engagement
de la nation à côté de la Triple-Entente. Lacerba a été
également l'expression du groupe avant-gardiste des
futuristes qui manifestait activement son engagement en
faveur de l'interventionnisme. De plus, depuis la guerre
de Lybie, l'avant-garde décrivait avec enthousiasme la
guerre comme " hygiène du monde " (Marinetti, 1911). Cette
position annonçait déjà ses incitations de 1914 au bain
de sang et à l'attaque à la baïonnette contre l'ennemi
autrichien (Lacerba, 1914). D'autre part, cette position
nous rappelle que la guerre n'avait pas seulement un
caractère de libération nationale, en tant que fin du
processus du Risorgimento, mais qu'elle visait à une
expansion coloniale en Méditerranée avec des prétentions
territoriales qui allaient bien au-delà de seules
frontières géographiques et ethniques des terres irredente.
L'idée coloniale est également défendue par la revue
La Voce qui redécouvre l'oeuvre et la pensée, en partie
oubliées, d'Alfredo Oriani. Dans Lotta politica (1892)
notamment, Oriani exaltait déjà l'expansion coloniale
comme étape d'une phase historique nécessaire. L'Italie
devait en effet assumer le rôle d'une puissance
internationale pour s'affirmer et se consolider dans le
panorama international. En actualisant la pensée
risorgimentale et mazzinienne, - et tout en se
rapprochant du langage et de l'imaginaire socialiste
(L'Italie vue comme " la grande prolétaire ") -,
Oriani avait influencé ou séduit de nombreux
intellectuels de gauche comme de droite.
Il nous appartiendra, par conséquent, de chercher
les racines de la Grande Guerre italienne dans le
phénomène plus complexe du colonialisme. D'autre part,
le front conservateur chérissait l'idée d'une guerre de
grande ampleur car, comme le disait Vilfredo Pareto,
elle aurait pu endiguer la vague déferlante du socialisme
international ainsi que les revendications syndicales
du prolétariat : "se c'è una grande guerra europea,
il socialismo è ricacciato indietro almeno per
un mezzo secolo, e la borghesia è salva per quel tempo"
(V. Pareto, Il Regno, 1904).
Ainsi faut-il comprendre que si D'Annunzio et les futuristes
ont exprimé les manifestations de pointe d'un phénomène
plus large, d'autres intellectuels ont soutenu l'entrée
en guerre de l'Italie : Benedetto Croce, lui, y voyait
la suite des luttes du Risorgimento et une phase importante
pour le sentiment d'appartenance patriotique. Loin de faire
de la guerre une motivation anti-germanique, Croce perçoit
le conflit comme moyen d'affirmation de la
nouvelle nation italienne. Mais d'autres motivations
poussent les Italiens à la guerre : Renato Serra affirme
qu'il faut absolument participer au conflit car c'est
toute la civilisation italienne qui est en jeu.
L'intellectuel romagnol meurt en 1915 sur le mont Podgora,
après avoir rappelé dans son carnet de guerre la différence
entre l'idéalisation de la guerre et sa concrétisation.
Ainsi, l'année 1915 signifie-t-elle non seulement le début
du conflit, mais également la fin de beaucoup d'espoirs.
Avec la stratégie du général Luigi Cadorna, la guerre
devient une lente agonie de tranchée. A la fin de l'année,
l'Italie compte déjà 230 000 morts, donc autant de familles
touchées, et cette réalité s'impose aux soldats comme
aux civils et aux hommes politiques. Toujours sur le
mont Podgora, meurt également il soldato irrendento
Scipio Slataper, au cours d'une de ces batailles
secondaires qui, pour leur faible intérêt stratégique,
furent souvent dénoncées par la suite. Est-ce le signe
de la fin d'un rêve ? Derrière la lente et épuisante guerre
de tranchée s'envole une partie des espoirs des
Italiens irredenti d'annexer rapidement Trento et Trieste.
On pourra d'ailleurs se demander si ce rêve relevait
véritablement d'un patrimoine culturel collectif. En
effet, cette donnée fut très largement mise en valeur,
mais - comme l'a déjà rappelé Mario Isnenghi - les
dizaines de soldats irredenti qui traversèrent la frontière
pour se battre sous l'uniforme italien ne
compensèrent pas les milliers d'Italiens restés dans
les rangs de l'Empire austro-hongrois. Ces derniers,
envoyés pour la plupart sur le front oriental,
représentaient également la fine fleur de la marine
militaire autrichienne. Notre colloque pourrait aussi
étudier le sort de tous ces Italiens qui se sont
battus du côté autrichien, parmi lesquels un certain
nombre choisit de se rendre à l'ennemi. La question
nationale italienne au-delà de la frontière était d'une
importance capitale. Motivation essentielle de la
guerre, elle avait rassemblé les Italiens irredenti
autour de plusieurs points comme la demande d'ouverture
d'une université italienne en terre étrangère,
requête que le gouvernement autrichien avait refusée
peu avant le début de la guerre.

Le neutralisme
On l'a vu, toute l'Italie n'était pas favorable à
l'entrée en guerre. Les classes populaires prônaient
le pacifisme, ce qui avait été clairement mis en
évidence par un référendum informel organisé par
le journal Avanti en septembre 1914. Une année plus
tard, d'ailleurs, des rapports fournis par les
préfets au ministre de l'Intérieur Salandra
renouvelaient les mêmes positions dans l'opinion publique.
Y compris à l'intérieur du groupe des futuristes,
des individualités invoquaient la neutralité de la
péninsule. Ainsi, Aldo Palazzeschi prit-il ses
distances par rapport aux autres avant-gardistes.
Le libertaire Gian Pietro Lucini, qui avait été
également à l'origine de la révolution futuriste,
préconisait la paix entre les nations, mu par le
plus pur esprit anarcho-socialiste. A cet égard,
il faut rappeler l'importance qu'eut la
pensée de Bakounine en Italie, ainsi que celle
de la pensée socialiste européenne de l'époque,
de Georges Sorel à Augustin Hamon. Cette pensée
de gauche rend plus nuancées les positions des
intellectuels. En réalité, à l'intérieur du groupe
des futuristes, les positions individuelles sont
nuancées et complexes et il est difficile de
distinguer des secteurs bien définis. De plus,
tous les poètes ayant adhéré au mouvement ont
été très sensibles à la thématique sociale : c'est
le cas de Buzzi, Cavacchioli ou Folgore.
Mais l'engagement ne concernait pas seulement le
monde des Lettres. Les peintres avant-gardistes
ont montré dans leurs tableaux des images
accusatoires d'une société injuste. Balla a
maintes fois représenté la vie des pauvres, comme
dans les tableaux Il lavoro (1902), La giornata
dell'operaio (1904). En 1911, Carrà peint I
funerali dell'anarchico Galli, dans lequel il
retranscrit les émotions qu'il a ressenties lors
de l'enterrement du syndicaliste tué en 1904.
La même année, Boccioni achève Il lavoro (tableau
également connu sous le titre La città sale) et
Russolo termine La rivolta. Ces oeuvres dénoncent
les injustices sociales et préconisent également
la lutte, sous l'influence de la pensée
syndicaliste radicale qui progressait en Italie.
Avant de fonder le futurisme, Marinetti lui-même
avait écrit une tragédie sociale dans laquelle
il dénonçait les complots du pouvoir et montrait
une vision nihiliste de la vie. Ce texte, Le Roi
Bombance (1905), fut cité par Arturo Labriola
dans l'Avanti!. Et, de Labriola à Bissolati,
un certain nombre d'hommes politiques ont soutenu
la neutralité de l'Italie. Notre colloque se
propose aussi de relire les positions souvent
figées, mais en réalité bien plus complexes,
de l'avant- guerre italien.

Le mythe et l'Histoire de la guerre
L'année 1915 a exprimé une fracture culturelle
importante. Or, les opinions stéréotypées ont
souvent mené à des visions simplistes de la
guerre, facilitées par la dimension mythique
que cet événement capital de la modernité a
acquise. Notre colloque entend également
considérer l'héritage mythique de cette épopée
de héros pour comprendre comment la collectivité,
le monde politique, les militaires ont saisi la
spécificité de cette guerre. On raconte, par
exemple, que dans les villages des montagnes
de la Carnia, toutes les cloches des églises
se sont, comme par miracle, mises à sonner dans
la nuit du 23 mai 1915, annonçant la tragédie
à venir. Cet aspect mythique a été entretenu
par les carnets de guerre, les mémoires, les
journaux des soldats écrits dans les tranchées
et qui ont raconté l'horreur, exprimant aussi
une nouvelle réalité politique et identitaire.
C'était en effet la première fois que les
Italiens des différentes régions se côtoyaient.
De même, de nouvelles idées politiques
circulaient dans les tranchées. Ces récits
personnels se mêlent aux documents officiels de
l'Histoire - bulletins de guerre, journaux de
l'époque -, mais également à l'iconographie de
la guerre : dessins pour le public bourgeois,
photos officielles, images de la
satire. Notre colloque s'intéressera aussi
aux mémoires de la guerre, aux lettres des
soldats et aux poèmes conçus sur le front.
Nous prendrons en compte les textes
non-littéraires mais également ceux de
nombreux intellectuels partis au front : de
Comisso, Soffici, Jahier, etc. Le fait
d'analyser la lecture qui a été faite de
l'année 1915 nous permettra de mieux
comprendre comment, dans les années suivantes,
la Vittoria mutilata ou l'impresa di Fiume
deviendront des mythes collectifs.

Modernité de la Grande Guerre
Au moment de son entrée en guerre, l'Italie souffre
d'un important retard militaire par rapport
aux grandes armées européennes. Ce type de
questionnement nous conduira à considérer un
autre aspect primordial de la Grande Guerre :
sa " modernité ". On sait que les frontières
issues du Traité de Versailles ont
modifié l'Europe. Mais la Première Guerre mondiale
a également posé les bases économiques du XXe siècle :
des entreprises, telle FIAT, se sont développées
dans l'élan de la guerre. L'évolution des armes, de la
façon de combattre, l'utilisation des gaz, la mort de
masse, sont des aspects liés au conflit qui marquent
hélas un passage à la modernité. D'autre part, pendant
le conflit, la condition féminine a évolué rapidement,
car la femme est devenue irremplaçable dans les
usines de guerre, anticipant ainsi son émancipation.
Dans L'Âge des extrêmes. Histoire du court XXe siècle,
Eric Hobsbawm définit l'espace temporel qui va de 1914
à 1945 comme étant celui de " l'âge de la catastrophe ".
A son avis, l'époque où la civilisation occidentale
que le XIXe siècle nous avait léguée, a été brisée.
Faut-il accepter cette hypothèse ?
Ainsi, ce colloque mettra en exergue ces premières
années afin de lire le XXe siècle d'un point de vue
politique, économique et culturel. Il vérifiera dans
quelle mesure l'année 1915 a constitué une année
clé pour l'avenir de la société italienne.

Raconter la guerre
Il sera pertinent de mesurer l'impact que l'idée de
la guerre et la guerre elle-même ont eu sur la
littérature et d'autres formes d'art avant, pendant
et après le conflit. D'un côté, il existe des œuvres
qui contournent et évitent la guerre. D'un autre côté,
nombreuses sont les œuvres qui font de la guerre un
contenu, un thème, un motif, parfois, pour en exalter
les instants glorieux, comme le fait Marinetti dans
L'alcova d'acciaio. Romanzo vissuto (1921) ou pour
marquer le traumatisme du début, comme le fait Giuseppe
Antonio Borgese dans Rubé (1921), ou des combats,
comme dans les peintures de Ardengo Soffici. D'autres
phases clé du conflit seront privilégiées dans Vent'anni
(1930) de Corrado Alvaro, dans La mia guerra (1931) de
Elio Vittorini ou encore dans Oggi domani e mai (1932)
de Riccardo Bacchelli. Plutôt que d'opposer ces
deux tendances divergentes, ce colloque s'efforcera de
comprendre si et comment l'entrée en guerre modifie la
conscience des intellectuels et des artistes ainsi que
leur façon de concevoir la création.

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(c) Bollettino '900 - versione e-mail
Electronic Newsletter of '900 Italian Literature
Notizie/E, ottobre 2014. Anno XX, 5.

Direttore: Federico Pellizzi
Redazione Newsletter: Michela Aveta, Daniele Borghi,
Eleonora Conti, Anna Frabetti, Monica Jansen,
Giuseppe Nava, Michele Righini, Saverio Voci.

Dipartimento di Filologia classica e Italianistica
dell'Universita' di Bologna,
Via Zamboni 32, 40126 Bologna, Italy,
Fax +39 051 2098595; tel. +39 051 2088378.
Reg. Trib. di Bologna n. 6436 del 19 aprile 1995.
ISSN 1124-1578

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